LE CHAT BOTTE
Il était une fois un meunier qui avait trois fils. Lorsqu'il mourut, il ne
leur laissa pour tout héritage que son moulin, son âne et son chat.
Les partages furent vite faits : l'aîné eut le moulin, le deuxième eut
l'âne et le plus jeune n'eut que le chat.
" C'est trop injuste ! se lamenta celui-ci. Que vais-je devenir avec
ce misérable chat ?
- Ne pleurez pas, mon maître, dit le chat. Vous n'avez qu'à me
confectionner un grand sac et me donner des bottes bien solides.
Et puis, vous verrez. "
Un peu étonné, le jeune homme fit ce qu'il lui demandait. Le chat
enfila ses bottes, noua le sac sur son dos et partit dans la forêt.
Là, il s'étendit sur le sol, fit le mort et attendit. Bientôt un jeune
lapin vint fourrer son nez dans le sac. Crac ! Notre chat en tira
les cordons et emprisonna le lapin. Tout fier de lui, le chat botté
s'en alla chez le roi et demanda à lui parler.
On le fit monter jusqu'à l'appartement de Sa Majesté. Il fit une
grande révérence et dit :
" Sire, voilà un lapin que mon maître, le marquis de Carabas,
m'a chargé de vous offrir de sa part.
- Dis à ton maître que je le remercie, " dit le roi. Une autre fois,
le chat alla se cacher dans un champ et attrapa deux perdrix,
comme il l'avait fait avec le lapin. Il alla à nouveau les présenter
au roi de la part de son maître. Il continua ainsi pendant deux ans
et trois mois, à apporter du gibier au roi, qui en était, à chaque
fois, ravi.
Un jour, le chat botté apprit que le roi irait se promener le
lendemain au bord de la rivière, avec sa fille, la plus jolie
princesse du monde. Il dit à son maître : " Si vous faites ce que
je vous dit, votre fortune est assurée. Vous n'aurez qu'à vous
baigner dans la rivière à l'endroit que je vais vous montrer et
ensuite, me laisser agir ". Le meunier obéit sans savoir ce que
son chat préparait.
Pendant qu'il se baignait, le roi vint à passer. Le chat botté cria
de toutes ses forces : " Au secours ! Au secours ! Monsieur le
marquis de Carabas se noie ! " Le roi se pencha à la portière
de son carrosse. Il reconnut le chat et ordonna à ses gardes
d'aller porter secours au marquis de Carabas. Pendant que
l'on sortait le prétendu marquis de l'eau, le chat botté expliqua
au roi que l'on avait volé les vêtements de son maître alors qu'il
se baignait. Le roi ordonna aussitôt d'aller quérir un habit pour
le marquis.
Vêtu comme un prince, le jeune homme avait fière allure. La
fille du roi qui était aussi dans le carrosse, le trouva fort à son goût.
Le prétendu marquis lui jeta deux ou trois regards tendres et
respectueux et elle en devint folle amoureuse. Le roi pria le
marquis de monter dans son carrosse et de les accompagner
dans leur promenade. Le chat botté courut en avant sur la route
et s'adressant à des paysans qui fauchaient dans un pré, il leur
dit : " Braves gens, si vous ne dites pas au roi que le pré que
vous fauchez appartient au marquis de Carabas, vous serez
hachés menus comme chair à pâté. " Le roi demanda aux
paysans à qui était ce pré qu'ils fauchaient. Ils répondirent tous
en chur qu'il était à Monsieur le marquis de Carabas, car la
menace du chat botté leur avait fait très peur.
" Quel beau champ vous avez là ! dit le roi au faux marquis,
- Il me rapporte beaucoup d'argent chaque année ", répondit
ce dernier.
Notre chat, qui courait toujours en avant du carrosse, rencontra
des moissonneurs.
" Braves gens, si vous ne dites pas que tous ces blés
appartiennent à Monsieur le marquis de Carabas, vous serez
hachés menus comme chair à pâté. "
Le roi arriva un moment après et demanda à qui étaient tous ses
beaux blés. " C'est à Monsieur le marquis de Carabas ! ",
dirent-ils en chur. Le chat, quelques centaines de mètres
devant, disaient toujours la même chose aux paysans qui se
trouvaient sur son passage. Et le roi était stupéfait des grandes
richesses du marquis de Carabas.
Le chat botté arriva enfin dans un beau château dont le
propriétaire était un ogre, le plus riche qui ait jamais existé. Toutes
les terres que le roi avait traversées lui appartenaient en réalité. Le
chat botté demanda à parler à l'ogre, et lui n'avait pas voulu passer
si près de son château sans avoir l'honneur de lui faire la
révérence.
L'ogre le reçut aussi aimablement que le peut un ogre. " On m'a
affirmé, dit le chat botté, que vous aviez le don de vous changer en
toutes sortes d'animaux. Par exemple, en lion ou en éléphant.
- C'est vrai, dit l'ogre. Et il se changea aussitôt en un énorme et
terrible lion. Le chat botté sauta par la fenêtre et courut se réfugier
sur le toit du donjon.
- On m'a assuré aussi, dit le chat après que l'ogre eut reprit sa
forme normale, que vous pouviez prendre l'apparence de tous
petits animaux, d'une souris, par exemple. Mais cela me paraît
impossible...
- Impossible ? dit l'ogre. Vous allez voir ! ". Et il se changea en une
petite souris qui se mit à courir sur le plancher. Le chat botté se
jeta dessus et n'en fit qu'une bouchée. Pendant ce temps-là, le roi
arrivait aux abords du château de l'ogre. Il voulut y pénétrer. Le
chat, entendant le bruit du carrosse, courut à la porte. Que Votre
Majesté soit la bienvenue dans le château de Monsieur le marquis
de Carabas ! dit-il fièrement.
- Comment, Monsieur le marquis, ce château est aussi à vous ?
s'écrie le roi. Je n'en ai jamais vu d'aussi beau dans tout mon
royaume. Entrons un peu, pour le visiter. "
Le meunier marquis donna le bras à la jeune princesse. Ils
suivirent le roi qui entra le premier dans le château. Dans une
grande salle joliment ornée, un somptueux repas les attendait.
C'est l'ogre qui l'avait fait préparer pour des invités. Mais
ceux-ci n'avaient pas osé entrer, voyant que le roi était au
château. Le souverain se mit à table, enchanté, leva son verre
et dit au marquis : " Il ne tient qu'à vous, Monsieur le marquis,
que vous deveniez mon gendre. " Le marquis, avec de grandes
révérences, accepta l'honneur que lui faisait le roi.
Le jour même, il épousa la belle princesse. Devenu grand
seigneur, le chat botté ne courut plus que de temps en temps après
les souris, pour s'amuser.
LE PETIT POUCET
Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui habitaient dans
une toute petite maison au milieu d'une grande forêt. Ils avaient
sept garçons, et leur dernier fils était si petit à la naissance qu'on
l'avait surnommé le Petit Poucet. Ils étaient très pauvres et
n'avaient pas toujours assez à manger. Caché sous la table, il
entendit un soir son père dire à sa mère :
" Nous n'avons plus un seul morceau de pain, et je n'ai pas trouvé
de travail. Nous ne pouvons plus nourrir nos enfants. Demain nous
les emmènerons ramasser du bois dans la forêt et nous les
perdrons. Le Petit Poucet alla vite dehors ramasser des petits
cailloux blancs. Il en remplit ses poches et alla se coucher.
Le lendemain matin la mère réveilla les enfants en leur disant :
" Venez vite nous aider à ramasser du bois dans la forêt. Ils
partirent tous. Le Petit Poucet marchait en dernier, et il semait
ses cailloux, pour être sûr de pouvoir retrouver la route le soir.
Quand ils furent arrivés au milieu de la forêt, le père leur dit :
" Je vais aller couper du bois plus loin avec votre mère. Faites
des fagots avec des brindilles et attendez-nous pour rentrer."
Les enfants ramassèrent beaucoup de bois. Mais à la fin de la
journée, la nuit commençait à tomber et les parents n'étaient
toujours pas là. On entendait le bruit des animaux nocturnes
et les enfants commençaient à avoir peur.
" Nous sommes perdus, crièrent-ils en pleurant. Nous allons
être dévorés par les loups !
- Ne vous en faites pas , dit le Petit Poucet. Suivez-moi, je vais
vous ramener à la maison. " Et comme les petits cailloux blancs
brillaient à la lumière de la lune, ils purent rentrer sans difficulté
à la maison. Leurs parents furent tout contents de les retrouver :
on venait de leur apporter un gros morceau de pain et ils étaient
ravis de le partager avec leurs enfants.
Mais une semaine plus tard, la nourriture manqua de nouveau.
Et le Petit Poucet entendit que ses parents voulaient encore
les perdre. Mais ce jour-là, la porte de la maison étaient fermée
et il ne put aller ramasser des cailloux.
" Cela ne fait rien, se dit-il, je sèmerai demain matin les miettes
de ma tartine. " Et le lendemain, il fit tomber des petites miettes
de pain tout le long du chemin.
Quand ils furent arrivés au milieu de la forêt le père leur dit :
des fagots avec des brindilles et attendez-nous pour rentrer. "
Les enfants ramassèrent beaucoup de bois. Mais en fin de
toujours pas là. On entendait les bruits des animaux nocturnes
et les enfants commençaient à avoir très peur.
" Nous sommes perdus. Nous allons être mangés par les
loups, crièrent-ils en pleurs !
- Ne vous en faites pas, dit le Petit Poucet. suivez-moi, je vais
vous ramener à la maison. Mais les oiseaux avaient mangé
toutes les miettes de pain et le Petit Poucet ne put retrouver
son chemin. Alors il grimpa en haut d'un arbre pour voir s'il
n'apercevait pas la lumière d'une maison. Il fut tout content
d'en apercevoir une qui n'était pas très éloignée, et il y conduisit
ses frères. Ils frappèrent à la porte :
" Qui est là ? demanda la voix d'une dame.
- Nous sommes sept petits garçons perdus. Pouvez-vous nous
abriter pour la nuit ?
- Mes pauvres enfants, vous êtes dans la maison de l'ogre ! Il va
vous dévorer si vous restez ici.
- Mais si nous restons dans la forêt, nous serons mangés par les
bêtes féroces.
- Je vais essayer de vous cacher. Allez vite au fond de la grande
armoire. " Un peu plus tard l'ogre rentra chez lui. Il renifla très fort
et il dit : " Ca sent la chair fraîche !
- C'est le gigot que je t'ai préparé, dit la femme en le posant sur
la table. " L'ogre dévora le gigot, puis les deux jambons et les
six saucissons qui étaient dans le garde-manger. Mais il continua
à renifler :
- Tu me caches quelque chose ! cela sent la chair fraîche ! " Et en
fouillant dans la pièce, il finit par découvrir le Petit Poucet et ses
frères.
" Miam ! Sept petits garçons ! Je vais les dévorer tout de suite !
- Tu as tort, lui dit sa femme. Tu as bien mangé. Tu vas avoir une
indigestion. Tu ferais mieux de les garder pour ton déjeuner de
demain. Je vais aller les coucher là-haut, et tu les mangeras
demain. " Et la femme de l'ogre installa le Petit Poucet et ses
frères dans un grand lit. Il y avait un autre lit dans la pièce, où
dormait les sept filles de l'ogre, qui avaient toutes une couronne
sur la tête. Avant de s'endormir, le Petit Poucet retira son bonnet
celui de ses frères, et les mit aux petites ogresses, et il se coiffa
ainsi que ses frères avec les couronnes. Au milieu de la nuit,
l'ogre se réveilla et se dit : " J'ai eu tort de ne pas tuer ces petits.
garçons tout de suite. Je vais prendre mon grand couteau et les
tuer maintenant. " Il alla dans la chambre et se dirigea vers le lit
des garçons. Au moment où il allait leur couper la tête, il sentit
les couronnes : " je suis vraiment fatigué ! J'allais tuer mes filles !
Il alla à l'autre lit, sentit les bonnets et coupa le cou de tous les
enfants. Puis il se recoucha. Dès qu'il fit jour, le Petit Poucet
réveilla ses frères et leur fit quitter la maison.
Et ils partirent vite vers la forêt. Quand l'ogre se réveilla et qu'il
se rendit compte qu'il avait tué ses filles, il se mit très en colère.
Il chaussa ses bottes de sept lieues et il partit à la poursuite des
garçons. Mais quand ceux-ci entendirent son pas, ils se
cachèrent sous un rocher. Et l'ogre qui était fatigué de chercher
finit par s'endormir. Le Petit Poucet s'approcha alors de lui, et lui
retira tout doucement ses bottes. C'étaient des bottes magiques :
dès qu'il les enfila, elles prirent la taille de son pied. Il partit vite
pour le château du roi, qui avait besoin d'un messager. Le roi fut
si content des services du Petit Poucet qu'il lui donna un grand sac
d'or.
Alors le Petit Poucet vint rechercher ses frères et les ramena à la
maison. Et avec toutes les richesses que le roi leur avait données,
ils vécurent tous heureux et n'eurent plus jamais faim.
LA BELLE AU BOIS DORMANT
Il était une fois un roi et une reine qui étaient si heureux de fêter le
baptême de leur petite princesse qu'ils invitèrent les sept fées du
pays pour que chacune puisse lui faire un don magique. Elle
aurait ainsi toutes les qualités.
Au banquet qui suivit chaque fée reçut un cadeau : de magnifiques
couverts en or massif, dans un étui d'or incrusté de pierres
précieuses. Mais il arriva une vieille fée qu'on n'avait pas invitée,
parce qu'on l'avait crue morte. Il fut impossible de se procurer un
huitième étui d'or. Elle réagit violemment, vexée, car elle n'avait
pas reçu un aussi beau cadeau que les autres.
Les fées commencèrent à faire leurs dons magiques à la
princesse. La plus jeune fée lui donna la beauté, la deuxième fée
l'esprit, la troisième la grâce, la quatrième le don de la danse, la
suivante celui du chant, la sixième le don de la musique. Le tour
de la vieille fée arriva. Elle dit : " La jeune princesse se percera
la main d'un fuseau et elle en mourra ! " Toute l'assemblée se
mit à frémir. Mais la septième fée que s'était tenue à l'écart par
méfiance, et qui n'avait pas encore exprimé son don, déclara :
" Je ne peux défaire entièrement ce qui a été fait, la princesse
se percera la main d'un fuseau, mais au lieu de mourir, elle
tombera dans un sommeil qui durera cent ans, au bout desquels
le fils d'un roi viendra la réveiller. "
Le roi, pour éviter le malheur prédit par la méchante fée, fit
interdire, sous peine de mort, l'usage et la possession des
fuseaux. Dans tout le royaume, on brûla tout ce qui servait à
filer à la quenouille. La princesse avait quinze ou seize ans,
quand un jour, montant de chambre en chambre dans l'immense
château, elle se retrouva en haut d'un donjon face à la vieille
femme qui filait sa quenouille. La bonne vieille n'avait jamais
entendu parler de l'interdiction. La jeune fille n'avait vu comment
on filait la laine. Serait-elle suffisamment adroite pour filer ?
Oh ! Ce serait tellement amusant d'essayer.
La princesse veut juste faire un essai. Elle file, se pique la main
avec le fuseau, et tombe évanouie. La bonne vieille crie au
secours, tous les gens de la cour se précipitent, on la frappe
doucement, on la masse, la frotte avec des herbes, rien n'y
fait, elle reste sans connaissance. Le roi accourt et se souvient
de la prédiction des fées. Il fait placer la princesse dans le plus
bel appartement, sur un lit recouvert de broderies d'or et d'argent,
lui fait mettre ses plus beaux habits ; il ordonne qu'on la laisse
dormir. On voit qu'elle n'est pas morte, elle respire doucement.
Elle a la beauté d'un ange.
On fit venir la gentille fée qui lui avait sauvé la vie. Craignant que
la jeune princesse soit bien seule à son réveil, elle touche de sa
baguette magique tout le monde, sauf le roi et la reine, pour
qu'instantanément tous tombent dans un sommeil profond.
Pages, dames de compagnie, serviteurs, cuisiniers qui tournaient
la broche, seigneurs, laquais et musiciens gisent recroquevillés,
assis ou allongés un peu partout, un sourire bienveillant aux lèvres.
Le roi et la reine firent un baiser d'adieu à leur fille et dans le quart
d'heure qui suivit, de grandes ronces épineuses, des lianes
entrelacées, des buissons épais, des arbres de toutes tailles se
mirent à croître, rendant impossible l'accès au château.
Au bout de cent ans, un fils de roi partit à la chasse avec ses gens.
Rendu curieux par les tours qui dépassaient d'une forêt
impénétrable, il demanda à qui appartenait un si étrange château.
Personne ne put lui répondre.
L'un lui dit qu'il était certainement habité par des sorcières l'autre
par un ogre malfaisant, quand un très vieil homme qui habitait
ces bois, s'approcha et dit : " J'ai entendu raconter par mon
arrière-grand-père que dans la plus belle chambre de ce château,
dormait une princesse belle comme le jour, qui attendait le baiser
d'un prince pour se réveiller.
" Le fils de roi n'eut plus qu'un désir : y pénétrer.
Mais comment faire pour franchir cette muraille de ronces.
Comme il s'approchait, les ronces, les arbres s'écartèrent
doucement pour le laisser passer, lui et son cheval, se refermant
brutalement sur le reste de son équipage.
Il se retrouva seul, écoutant les meutes de ses chiens prisonniers
derrière la barrière. Un monde silencieux et étrange l'attendait.
Aucune feuille ne bougeait dans les arbres. Partout, aux alentours
du château, des hommes, des femmes, des animaux dormaient.
Après être passé au-dessus des gardes endormis, après avoir
traversé plusieurs salles, il découvrit et s'approcha d'une
princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans. Son
extraordinaire beauté, son éclat resplendissant lui allèrent droit
au cur. Il se pencha vers la princesse endormie et l'embrassa.
Elle s'éveilla aussitôt : " Est-ce vous mon prince ? " lui demanda-
t-elle. La fin de l'enchantement était venu, tout le palais s'était
réveillé. Après le silence mortel, c'était un gentil brouhaha qui
montait des cuisines, du château tout entier. Tout le monde
courait, s'affairait et parlait en même temps. Pour célébrer ce
retour à la vie, les musiciens se mirent à jouer et ce fut une très
grande fête.
CENDRILLON
Il était une fois un gentilhomme qui épousa une femme dure et
hautaine. Celle-ci avait deux filles d'un précédent mariage, qui
lui ressemblaient. Le mari, de son côté, avait une fille douce,
d'une très grande bonté. sa nouvelle femme ne put supporter
cette jeune fille ; elle la chargea des plus viles occupations de
la maison. Celle-ci frottait du matin au soir au soir et vivait dans
la misère, n'osant aller se plaindre à son père. Lorsqu'elle avait
fini son travail, elle allait se blottir au coin de la cheminée et
s'asseoir dans les cendres, c'est pourquoi on l'appelait Cendrillon.
Mais même vêtue de haillons, elle était encore cent fois plus belle
que ses surs aux habits magnifiques.
Le fils du roi donna un bal, auquel il pria toutes les personnes de
qualité de venir. Nos deux demoiselles y furent invitées, mais pas
Cendrillon ; pendant qu'elle préparait les toilettes de ses deux
surs, celles-ci lui demandèrent d'un air moqueur si cela lui
plairait d'aller au bal. La pauvre fille avait conscience des pauvres
vêtements rapiécés qu'elle portait, comment aurait-elle pu aller au
bal, habillée ainsi ?
L'heureux jour arriva ; les demoiselles partirent, Cendrillon se
sentit submergée par les larmes. Sa marraine, qui était fée,
arriva par enchantement, et la voyant tout en pleurs, lui dit :
"Si tu veux aller au bal, fais ce que je te dis. Va dans le jardin
et apporte-moi une citrouille ! Ensuite, va chercher une cage à
souris ! " La fée frappe de sa baguette magique la citrouille, qui
se transforme en un magnifique carrosse doré. Six souris sortent
de la souricière et sont transformées en un superbe attelage de
chevaux gris pommelé. Un rat qui passait par là est aussitôt
transformé en cocher moustachu, et les laquais ? Six lézards
cachés derrière l'arrosoir, à peine touchés par la baguette,
montent en habits chamarrés derrière le carrosse.
La fée dit alors à Cendrillon : " Voilà de quoi aller au bal !" Mais
irait-elle avec ces vilains habits ? A peine effleurée par la
baguette de sa marraine, ses haillons se changent en habits d'or
et d'argent ; celle-ci lui donne ensuite les plus jolis souliers de
verre. Parée comme une princesse, Cendrillon pleine joie monte
dans le carrosse, après avoir promis de rentrer du bal avant minuit.
Sa marraine l'avertit qu'au douzième coup de minuit, son carrosse
redeviendra citrouille, les laquais lézards, les chevaux souris, le
cocher rat, ses habits haillons. Arrivée au château, elle fut reçue
comme une princesse. Le prince n'eut d'yeux que pour cette belle
inconnue qui dansait avec tant de grâce ; c'est à peine si, dans la
douleur du moment, Cendrillon entendit sonner
onze heures trois quarts. Aussitôt, elle se dépêcha de rentrer. Elle
remercia sa marraine et lui demanda de retourner au bal, ce
qu'elle fit le lendemain. Elle était encore plus belle, plus éclatante
que la première fois. Le fils du Roi ne cessa de danser avec elle,
et dans son bonheur elle en oublia l'heure.
Entendant le premier coup de minuit, elle s'enfuit aussi légèrement
qu'une biche ; le prince la suivit, mais ne put que ramasser son
soulier de verre qu'elle avait perdu.
Cendrillon était encore dans le grand escalier quand le dernier
coup de minuit sonna ; aussitôt elle se retrouva dans ses vieilles
guenilles. En bas, au lieu d'un carrosse, une citrouille l'attendait.
Elle rentra à pied, mais elle cachait dans la poche de ses vilains
habits l'autre petit soulier de verre. Ses deux surs lui
annoncèrent qu'une belle princesse avait perdu un de ses souliers
au bal. Le fils du Roi l'avait ramassé, et n'avait cessé de le
contempler. Il était assurément fort amoureux de la belle personne.
Peu de jours après, le fils du roi fit annoncer qu'il épousera celle
dont le pied s'ajusterait au soulier.
Toutes les dames de la cour l'essayèrent ; les deux surs
l'essayèrent aussi, mais inutilement. Cendrillon demanda elle
aussi à l'essayer ; ses surs se moquèrent. Le gentilhomme qui
faisait l'essai du soulier, la fit asseoir et constata que son petit
pied rentrait dans le soulier ; l'étonnement des deux surs fut
encore plus grand Cendrillon mit à son autre pied le second soulier.
Elles lui demandèrent pardon. Cendrillon leur pardonna.
On la mena au jeune prince, et peu après il l'épousa.
LE PETIT CHAPERON ROUGE
Il était une fois une petite fille que tout le monde aimait, et plus
particulièrement sa grand-mère. Un jour, elle lui fit un chaperon
de velours rouge. Il lui allait si bien, que la fillette ne voulut plus
rien porter d'autre. On l'appela donc le petit Chaperon rouge.
Un beau matin, sa maman lui dit : "Petit Chaperon rouge, voici
un morceau de galette et un petit pot de beurre, porte-les vite à
ta grand-mère qui est malade. Elle va bien se régaler.
Mais vas-y tout de suite avant qu'il ne fasse trop chaud ; et sois
bien sage en chemin. Ne sautille pas à droite et à gauche, sinon
tu casseras ta cruche de vin."
- "Je ferai bien attention à tout ", promit le Petit Chaperon rouge.
Puis elle dit au revoir à sa maman et se mit en route. Sa grand-
mère habitait dans la forêt, dans un autre village. Sur son chemin,
la fillette rencontra un loup. Elle ne savait pas que c'était un fort
méchant animal ; elle n'eut donc pas peur du tout.
" Bonjour ! Petit Chaperon rouge ! dit le loup.
- Bonjour ! répondit le Petit Chaperon rouge.
- Où vas-tu de si bon matin ?
- Je vais voir ma grand-mère.
- Et que portes-tu ? demanda le loup.
- Un pot de beurre et un morceau de galette que ma maman lui
envoie. C'est pour ma grand-mère qui est malade, cela lui fera du
bien, répondit-elle.
- Et où habite-t-elle, ta grand-mère ?
- Sa maison est plus loin dans la forêt, à la première maison du
village. Tu la reconnaîtras forcément, dit le Petit Chaperon rouge."
Le loup se dit en lui-même : "Cette fillette tendre et dodue à
souhait est un morceau de choix ! Elle a sûrement meilleur goût
que la grand-mère. Il faut que je trouve une ruse pour les dévorer
toutes les deux.
Sans souffler mot, il chemina un petit moment aux côtés du Petit
Chaperon rouge, puis dit enfin d'une voix douce :
" Petit Chaperon rouge, tu marches droit devant toi comme si tu
allais à l'école, alors que la forêt est si belle ! Regarde un peu
autour de toi toutes ces jolies fleurs et écoute les gazouillis des
oiseaux dans les arbres." Le Petit Chaperon rouge leva les yeux
et vit les rayons du soleil entre les arbres et partout, partout, de
jolies fleurs dans l'herbe. " Si j'en cueillais un bouquet pour ma
grand-mère, cela lui ferait plaisir. Il n'est pas tard, j'ai tout mon
temps."
Elle quitta le chemin et bondit dans le sous-bois. Dès qu'elle avait
cueilli une fleur, elle en voyait une plus belle un peu plus loin ; elle
allait la cueillir aussitôt. Elle s'enfonça ainsi dans la forêt sans s'en
rendre compte.
Pendant ce temps-là, le loup se mit à courir de toute sa force par
le chemin qui était le plus court, à la maison de la grand-mère et
frappa à sa porte.
" Qui est là ? cria la grand-mère.
- C'est moi, le Petit Chaperon rouge, dit le loup. Je t'apporte de
la galette et du beurre. Ouvre-moi !
- Je suis trop faible pour aller t'ouvrir. Tu n'as qu'à tirer la
chevillette, la bobinette cherra." Le loup tira la chevillette et la
porte s'ouvrit. Il se jeta sur la grand-mère et la dévora en mois de
rien. Il mit ensuite la chemise de nuit et le bonnet de dentelle de la
grand-mère, se coucha dans le lit et en ferma les rideaux.
Pendant ce temps-là, le Petit Chaperon rouge avait cueilli un
bouquet de fleurs si gros qu'elle pouvait à peine le porter. Il était
temps de l'offrir à sa grand-mère.
Elle se remit bien vite en chemin. Quand elle arriva devant la
maison, elle s'étonna de trouver la porte ouverte. Tout lui sembla
étrange. Elle s'avança près du lit, en disant :
" Bonjour, grand-mère." Mais personne ne lui répondit. Elle écarta
les rideaux du lit. La grand-mère était là, couchée, le bonnet de
dentelle enfoncé jusqu'aux yeux, qui cachait presque toute la figure.
- " Comme tu as de grandes oreilles, grand-mère, dit-elle.
- C'est pour mieux t' entendre, mon enfant !
- Comme tu as de grands yeux !
- C'est pour mieux te voir, mon enfant !
- Comme tu as de grands bras !
- C'est pour mieux t' embrasser, mon enfant !
- Comme tu as une grande bouche et de grandes dents !
- C'est pour te manger ! " dit le loup qui fit un bond hors du lit et
dévora d'un trait le Petit Chaperon rouge. Une fois repu, le loup se
recoucha et s'endormit aussitôt. Il se mit à ronfler haut et fort. Un
chasseur qui passait devant la maison l'entendit et pensa :
" Comment se fait-il que cette vieille grand-mère ronfle si fort ?
Allons voir si elle n'a besoin de rien. " Il entra dans la chambre,
s'approcha du lit et vit le loup, profondément endormi.
" Te voilà enfin, canaille !
Depuis le temps que je cherche à t'attraper !"
Il brandit son fusil en direction du loup, mais s'arrêta net.
" Et si le loup avait dévoré la grand-mère ? " se dit -il.
Il reposa son fusil, prit une paire de ciseaux et se mit à ouvrir le
ventre du loup endormi.
Au troisième coup de ciseaux, il aperçut quelque chose de rouge.
Deux ou trois coups de ciseaux encore et la petite fille bondissait
dehors en s'écriant : " Oh ! la, la ! Comme j'ai eu peur ! Il faisait si
noir dans le ventre du méchant loup ! ". La grand-mère sortit à son
tour, encore vivante, mais elle respirait à peine. Il était temps !
Le petit Chaperon rouge courut chercher de grosses pierres et en
bourra le ventre du loup. Quand il se réveilla, il voulut s'enfuir. Mais
les pierres étaint si lourdes qu'il s'affala sur le sol et mourut
quelques minutes après.
Nos trois amis étaient bien contents. Le chasseur prit la peau du
loup et rentra chez lui. La grand-mère mangea la galette et but le
vin que sa petite-fille lui avait apportés. Elle se sentit beaucoup
mieux.
Et le Petit Chaperon rouge ne disait rien.
" Jamais plus de ma vie je ne désobéirai. Jamais plus je ne
m'écarterai du chemin pour aller courir dans la forêt quand
maman me l'a formellement interdit " promit-elle tout bas.
BARBE BLEUE
Il était une fois une fois un homme très riche et très puissant. Mais
il était si effrayant, avec sa barbe bleue, qu'aucune femme ne
voulait de lui. Il avait pourtant réussi à se marier six fois, et
personne ne savait ce que ses six femmes étaient devenues. Un
jour, Barbe-Bleue voulut épouser la fille de sa voisine. Celle-ci
refusait obstinément, car il était riche, oui, mais tellement laid !
Elle se demandait surtout où étaient passées ses six premières
épouses. Pour séduire la jeune fille, Barbe-Bleue l'invita dans un
de ses châteaux, et organisa une fête extraordinaire. Pendant les
festivités, il se montra tellement agréable, joyeux, plein d'entrain,
qu'au bout d'un moment, il ne faisait plus du tout peur à la jeune
fille. " Après tout, se disait-elle, il n'y a rien de mal à épouser un
homme qui a la barbe un peu bleue. Il est si gentil, si accueillant !
Et c'est l'homme le plus riche du pays ! " Elle regardait avec envie
cette immense demeure, ces décorations précieuses, ces garde-
robes qui débordaient des plus beaux vêtements... Sans parler de
l'or, des pierreries et des bijoux que possédait Barbe-bleue, si
nombreux, disait-on, qu'une chambre n'aurait pas suffit à les
contenir. Le mariage fut conclu.
Un mois plus tard, Barbe-Bleue annonça à sa femme qu'il partait
pour un long voyage. " Pendant mon absence, lui dit-il, invite tes
amies et amuse-toi tant que tu le voudras. Voici les clefs de toutes
les portes de la maison. Fais ce qu'il te plaira, mais je ne te
demande qu'une chose : cette petite clef-ci, celle de la porte du
cabinet du bas, ne t'en sers surtout pas. Si jamais ta curiosité te
pousse à désobéir, si tu ouvres la porte du cabinet, ma colère
sera plus terrible que le plus terrible des ouragans. " Ayant dit
ceci, il s'en alla.
La jeune femme invita ses amies le soir même. Toutes étaient
ravies de visiter le superbe château. Elles s'émerveillaient devant
toutes les richesses ; les tentures argentées, les robes et les
manteaux de soie, les colliers de saphir et de diamant, les
diadèmes royaux.
Elles enviaient beaucoup madame Barbe-Bleue. Mais c'est à
peine si celle-ci faisait attention à ses compagnes. Depuis le
départ de son mari, elle ne pensait qu'à la petite clef, et elle était
prise d'une tentation irrésistible. Que pouvait-il donc y avoir de si
secret dans le petit cabinet ? N'y tenant plus, elle faussa
compagnie à ses invitées et se dirigea vers le cabinet. Elle saisit
la clef, se rappela un instant les paroles de son mari, puis se
décida à tourner la clef dans la serrure. D'abord, elle ne vit que le
plancher couvert de sang. Pétrifiée, elle entra dans le cabinet, et
faillit mourir de peur : alignés le long du mur, côte à côte, étaient,
pendus les cadavres des six épouses de Barbe-Bleue. Prise de
panique, elle lâcha la clef, qui tomba dans une flaque de sang.
Elle la ramassa, sortit précipitamment et referma la porte.
Arrivée dans sa chambre, elle essaya de nettoyer le sang en
frottant la clef avec une étoffe. Mais il n'y avait rien à faire : quand
la tache disparaissait d'un côté, elle réapparaissait aussitôt de
l'autre. Pour ajouter à son émoi, voici que Barbe-Bleue décida
de rentrer le soir même, ses affaires étant réglées.
" Mon épouse, es-tu heureuse de me revoir si tôt ? " lui demanda-
t-il. Elle fit semblant d'être joyeuse, et elle lui rendit toutes les clefs,
sauf celle du cabinet.
Un peu plus tard, Barbe-Bleue lui réclama la petite clef : " Je l'ai
laissée à l'étage, lui dit-elle, je vais la chercher. " Elle monta,
appela sa soeur Anne et lui dit : " Mes frères ont permis de venir
me rendre visite aujourd'hui. S'il te plaît, guette-les du haut de la
tour et préviens moi dès que tu les verras arriver. "
Elle repoussait le moment autant que possible, mais il faudrait
bien redescendre. Barbe-Bleue s'impatientait.
" Vas-tu me rendre cette satanée clef ? Je sais que tu as ouvert
la porte du cabinet, et pour cela tu y rejoindras mes autres
épouses. Descends, sacrebleu !
- J'arrive, mon mari, laissez-moi seulement le temps de faire une
dernière prière ! Soeur Anne, demanda-t-elle à sa soeur, ne
vois-tu rien venir ?
- Rien de rien, je ne vois que l'herbe et le soleil.
- Alors, menaça Barbe-Bleue du bas de l'escalier, son couteau
à la main, vas-tu te dépêcher, ou faut-il que je vienne te déloger ?
- Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? répéta à la dérobée
madame Barbe-Bleue.
-Je vois... un nuage de poussière qui s'élève...
Ce sont nos frères qui s'avancent au galop.
- C'en est trop, hurla Barbe-Bleue, si tu ne descends pas
immédiatement je monte te couper le cou.
- Là, me voici. " Elle descendit en tremblant. Barbe-Bleue
brandissait son couteau. Elle se trouva bientôt à sa hauteur, et il
allait lui trancher le cou, quand on frappa si fort à la porte que sa
main s'arrêta tout net.
La porte s'ouvrit et, découvrant l'horrible scène, un des frères de
la malheureuse épouse se jeta sur Barbe-bleue et lui transperça
le coeur de son épée. Il était mort. Barbe-Bleue n'avait pas de
famille, hormis sa femme. Elle hérita donc de tous ses biens.
Elle en profita pour offrir un somptueux mariage à sa soeur Anne.
Elle même se remaria bientôt avec un gentilhomme qui lui fit
oublier l'infâme Barbe-Bleue.
Dimanche 11 Avril 2021
Accueil | Actualités | Anniversaire | Bébé | Bricolages | Coloriages | Comptines | Ecole | Enseignants | Fêtes | Histoires | Jeux | Jouets | Lectures | Maternelles | Parents | Paroles de chansons | Recettes de cuisine | Photos | Forum
0-5ans.com © 2005