LES VOYAGES DE
GULLIVER
Il était une fois en Angleterre, en l'an mil
sept cent douze, un jeune
homme qui s'appelait Gulliver. Il n'avait
qu'une passion :
Les voyages en mer. Un jour, alors qu'il
s'était embarqué à bord
de l'Antilope pour les mers du Sud le navire
fit naufrage et il ne
resta qu'un seul survivant : GULLIVER.
Après avoir nagé des jours et des nuits, le
jeune homme atteignit
la plage d'une île qui lui sembla déserte.
Epuisé, il tomba dans un profond sommeil.
Mais lorsqu'à son réveil, il voulut se
lever, il s'aperçut que tous les
membres étaient solidement attachés au sol,
et qu'il était ficelé
de la tête aux peids comme un saucisson.
"Au secours, libérez-moi !", hurla
Gulliver. C'est alors qu'il découvrit
avec stupéfaction qu'il était prisonnier de
minuscules personnages,
hauts d'à peine six pouces.
l'un deux, perché sur son cou, lui enfonçait
la pointe aiguë de sa
minuscule épée dans une narine. Cela le
chatouilla tellement qu'il
fut surpris d'un formidable éternuement.
Epouvantés, tous les petits êtres se
dispersèrent rapidement.
Mais après quelques instants, les moindres
farouches
s'approchèrent à nouveau et installèrent
plusieurs échelles tout
contre Gulliver.
Bientôt une multitude de petits hommes
chargés de paniers pleins
de victuailles, préparés sur ordre du roi,
se mettaient en marche
vers la bouche du naufragé. Le roi, qui
s'était hissé sur le bas de
sa jambe, s'avança jusqu'au visage de
Gulliver, suivi d'une dizaine
de ses gens.
Là, se plaçant tout près de son visage, il
dit : " Nous te saluons,
Ô Hommes-Lomtagne, sois le bienvenu au pays
des Lilliputiens.
Nous te traiterons ici avec de grands égards,
mais sache que
tu nous plonges dans un embarras, car ton
appétit peut ruiner
notre pays. Nous avons tenu conseil, certains
parlèrent de te laisser
mourir de faim, ou de te cribler le visage et
les mains de flèches
empoisonnées, mais ton cadavre, en se
décomposant, ne pourrait
qu'infester la capitale et empuantir tout le
royaume.
Nous te proposons donc ceci :
délivre-nous de la guerre qui dure depuis
trente-six lunes avec le
peuple des Blefuscu et nous te rendrons la
liberté.
- Assurément, mais quelle est l'origine de
cette guerre ?
- Voici. Chacun sait que pour manger un oeuf
à la coque on le casse
par le gros bout. Or il advint que l'aïeul de
notre empereur actuel,
alors qu'il était enfant, voulut manger un
oeuf. Mais en le cassant
de façon traditionnelle, il se fit une
entaille au doigt.
Sur quoi l'empereur publia un édit ordonnant
à tous ses sujets, sous
peine de sanctions les plus graves, de casser
leurs oeufs par le
petit bout.
Cette loi fut tellement impopulaire qu'elle
provoqua six récoltes,
dans lesquelles un de nos empereurs perdit la
vie, un autre sa
couronne.
On estime à onze mille au total le nombre de
ceux qui ont préféré
mourir plutôt que de céder leurs oeufs par
le petit bout.
Les Blefuscudiens profitèrent de ces
soulèvements pour nous
envahir et kidnappèrent la moitié de notre
population.
Depuis, une guerre sanglante met aux prises
les deux empires.
Aujourd'hui l'ennemi s'apprête à débarquer
sur nos côtes.
C'est pourquoi je mets toute ma confiance en
ta force et ton
courage.
Réussis et tu es libre. Les gens de
l'Empereur l'emmenèrent
dans un antique temple, estimé le plus vaste
du royaume.
Là, "l'Homme-Montagne" fut à
nouveau attaché par quatre-
vingt une chaînes, aussi grosses que celles
qui, en Europe,
pendent aux monstres des dames. On les fixa à
sa jambe
gauche par trente-six cadenas. Toute la nuit
Gulliver élabora
une stratégie pour anéantir la flotte
ennemie. "Eurêka !", il
tenait son idée.
Le lendemain, à l'aube, il alla vers la côte
nord-nest, celle qui
faisait face à Blefuscu, et là, à plat
ventre derrière une colline,
il déploya sa longue vue pour examiner la
flotte ennemie. Elle
était forte de plus de cinquante minuscules
vaisseaux de
guerre et de nombreux navires de transport.
Rentré à Lilliput, Gulliver donna des ordres
pour qu'on lui
apportât des cables très forts et des barres
de fer. Les câbles
n'étaient que de minces ficelles et les
barres avaient la longueur
et l'épaisseur des aiguilles à tricoter de
chez nous. Il courba ces
dernières pour en faire des crochets et les
fixa aux cables avant
de retourner vers la flotte de débarquement
du peuple de Blefuscu.
Il entra dans l'eau, qui lui arrivait à peine
à la poitrine, et
s'approcha rapidement des ennemis.
A sa vue ceux-ci furent saisis d'une telle
frayeur qu'ils s'enfermèrent
tous dans leus minuscules cabines. Gulliver
prit alors son attirail fixa
chaque crochet à la proue d'un navire et fit
un gros noeud de tous
les câbles. Après quoi il empoigna tous et
plus aisément du monde,
se mit à remorquer cinquante des plus
aisément du monde, se mit
à remorquer cinquante des plus grands
vaisseaux de guerre ennemis.
Les Blefuscudiens qui observaient la scène du
rivage et qui n'avaient
rien deviné de ses projets restèrent tout
d'abord stupéfaits, comme
paralysés par la surprise. Lorsqu'ils virent
la flotte tout entière
s'éloigner derrière Gulliver, ils
poussèrent un cri déchirant de détresse
et de désespoir.
Mais celui-ci s'en allait tranquillement vers
le port de Lilliput. "Hourra !
Hourra ! ", s'écrièrent les
Lilliputiens lorsqu'ils aperçurent l"Homme-
Montagne". L'Empereur l'accueillit sur le
rivage en le couvrant d'éloges
inépuisables, et lui conféra à l'instant
même la dignité de Nardac,
qui était leur plus haut titre de noblesse.
Environ trois semaines après cet exploit, une
ambassade solennelle
arriva à Blefuscu pour demander la paix. On
organisa de grandes
festivités. Gulliver n'y assista pas. Ayant
recouvré la liberté, il s'était
construit un bateau et s'en était retourné
chez lui.
Encore aujourd'hui, une statue de Gulliver le
héros,
l'"Homme-Montagne" trône sur la
place centrale de Lilliput.
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